dimanche 26 juin 2016

Équateur : sierra centrale - du 6 au 17 mai

Et maintenant, "hacia el sur siempre" !
Après être rapidement passés au nord de la ligne équatoriale pour y admirer les paysages les plus septentrionaux de la cordillère des Andes, nous mettons le cap vers le sud et les sommets enneigés de la sierra centrale !

Et on commence par Latacunga, située à 2800m d'altitude, comme Quito : ville centrale dans les montagnes et passage obligé pour qui veut les contempler!

Remarque : c'est à Latacunga que l'oeil averti de Marie les remarque pour la première fois... Les coccinelles sont à l'honneur en Équateur ! Il y en a plein partout !


Et c'est la même chose au Pérou (et sûrement partout en Amérique du Sud) ! Les Péruviens leur ont d'ailleurs même donné un petit nom (on l'apprendra à Arequipa) : les "taparacos" ou plutôt "taparaquitos" ! Eh oui, dans les pays andins, n'importe quel nom est susceptible de se voir ajouter un suffixe du type "ito" ou "ita" : ainsi "Olga" devient "Olguita", "cafe" "cafecito", et même "hasta luego" qui se transforme en "hasta lueguito" ! Une petite touche "mignonnette" en fin de compte !




La cathédrale de Latacunga, typique du style colonial espagnol

Parque Vicente Leon


Un exemple de la piété des habitants de Latacunga : patientant sur le seuil de
l'église,  les paroissiens sont restés une heure à attendre le début de la
célébration tout en portant une statue de la vierge...


Le marché avec ses nombreux étals de fruits qui colorent la place :



Quelques photos prises depuis la terrasse de l'hôtel, un beau panorama sur les montagnes et volcans des alentours quand les nuages veulent bien s'éclipser...



Au pied du Cotopaxi, Latacunga peut se targuer d'être une vraie cité andine, au sens où, comme Huaraz dans la Cordillère blanche, elle est soumise aux colères de Mère Nature : par trois fois, les éruptions du Cotopaxi ont détruit la majeure partie de la ville aux XVIIIe et XIXe siècles... Depuis, elle est plutôt tranquille, bien que le volcan se soit réveillé l'année dernière et que la moitié du parc national soit fermée à cause des risques d'éruption...


Et, oh, quelle chance ! Aujourd'hui on a le droit à une petite moitié du Cotopaxi !
Bref, même si la ville est belle, l'intérêt principal de Latacunga réside dans les paysages qui l'entourent. Nous avons donc commencé la visite des environs par ce qu'on appelle "la boucle de Quilotoa".

Première étape : Latacunga (2800 m) - Zumbahua (3800 m), ce qui fait un bon dénivelé et cela n'a pas vraiment plu à Marie cumulé avec le transport en bus mouvementé... Elle a été malade toute la nuit et le lendemain... Notre hôte, très gentille et embêtée par son état lui a donné des remèdes locaux.


Le marché du samedi matin, plein de vie, de musique et de couleurs, sur la place principale du village, cerné par les sommets et les cultures en terrasse typiques des paysages andins :




Deuxième étape : Zumbahua (3800 m) - Quilotoa (3930 m). Le village de Quilotoa est peuplé d'environ 100 habitants et donc, à part la laguna du même nom et quelques peintures "indigenas" sur peaux de lamas (les "peintures tiguas"), il n'y a vraiment pas grand chose... Quelques hôtels et restaurants (assez chers bien sûr) sont quand même là pour accueillir les touristes.

Voyage à l'arrière d'un pick-up pour Antoine avec les locaux et les achats du marché. 

Marie, encore malade, dans notre chambre d'hôtel, heureusement dotée d'un poêle (ça nous rappelle la maison !) car, évidemment, à cette altitude et qui plus est à cette saison, il fait trop froid !


Un "cuy" dans son pneu-cage

La belle laguna Quilotoa autour de laquelle Antoine s'est baladé :




Les mules, animaux omniprésents dans les hauteurs andines, menées par leur muletier, et, ouvrant la marche, une jeune fille kichwa vêtue de l'habit traditionnel de la région.


Les fleurs de montagne, étincelles de couleurs sur les bords du cratère.


La petite "Michelle", fidèle au poste dans sa tienda sur la crête, malgré le froid et le vent.

Un alpaga (plus petit et au cou moins long que le lama)
Après Quilotoa, nous avons dû écourter la boucle initialement prévue à cause de l'état de santé de Marie qui a du mal à se rétablir...

Troisième étape : Quilotoa (3939 m) - Sigchos (2800 m). Les bus étant rares (1 par jour et horaire pas vraiment fixe : plus ou moins entre 14h et 17h...), on a eu la chance d'être pris en stop par un routier mélomane super sympa avec qui on a bien discuté et écouté de bonnes cumbias !

Vue sur les deux Ilinizas au petit matin (30min plus tard, ils avaient déjà disparu dans les nuages...)

Dernière étape : retour à Latacunga, quelques photos de la route du retour en bus :




Le parc du Cotopaxi :

Après quelques jours de repos en ville afin que Marie se retape, nous nous sommes rendus dans le parc du Cotopaxi, qui tire son nom de son volcan vedette toujours en activité ! Du coup, précautions d'usage obligent, on a dû prendre un guide ! Mais bon, la matinée en jeep avec notre guide Paulina en valait la peine !



Comme on peut le constater, le parc est en alerte orange, et toute la zone de cette couleur est interdite aux touristes. De fait, l'ascension du volcan est évidemment impossible...

On a la chance de voir la moitié du volcan ! Car comme toujours, les nuages sont bien présents.



La zone du parc située autour du volcan, un grand plateau de rocs et de paramo, seulement habité par les oiseaux et quelques chevaux, est somptueuse.


Balade autour de la lagune Limpiopungo (et pour le plus grand bonheur de Marie... c'est plat !) durant laquelle Paulina nous abreuve d'informations sur la faune et flore (d'où, encore une fois, l'avantage d'un guide, comme avec Milan pendant le Singalila).


Au centre, dans les nuages, un "caracara", rapace charognard des 3000m d'altitude.



Outre les charognards, c'est aussi au bord de la laguna qu'on voit notre premier colibri !

Colibri d'altitude butinant sa "lanza de flor", plante médicinale appelée "chukirawa" en kichwa.



Les différentes pierres volcaniques : la noire, roche volcanique en fusion , la rouge, c'est de la lave solidifiée, les grises, de la roche volcanique mélangée avec plus ou moins de lave.

Décidément l'Équateur est dans le collimateur de la Pachamama : situé en plein dans la ceinture de feu du Pacifique, au moins trois de ses volcans sont dans une phase active actuellement : le Reventador au Nord, le Tungurahua (en éruption depuis plus de 15 ans) et le Cotopaxi au centre... Et on ne parle même pas du terrible séisme dont tout le monde a entendu parler et qui est survenu à peine 10 jours avant notre arrivée. Il y aurait d'ailleurs encore eu des secousses quand nous y étions. Ce tremblement de terre, d'une magnitude de 7,8, qui a frappé les provinces d'Esmeraldas et de Manabi, causant plus de 650 morts, a été le plus violent qu'ait connu l'Équateur depuis 1979...


Quant au Cotopaxi, il s'est réveillé l'année dernière après un sommeil de 150 ans... Son réveil explosif, en septembre dernier, a recouvert toute la face sud-ouest d'une couche de cendres de 4-5 cm d'épaisseur, provocant la fermeture du parc et obligeant la population à travailler en gants, bottes, masques et lunettes à cause de la corrosité des cendres, sans parler des cerfs qui ont dû migrer parce que leur forêt avait été entièrement recouverte de cendres toxiques...


Bref, la vie en Équateur, quand on est cerné par les volcans et soumis aux aléas tectoniques, est loin d'être évidente. Mais comme partout, les populations ont inventé des mythes et légendes pour en quelque sorte "apprivoiser" les phénomènes naturels qui les terrifient. Ainsi, dans l'imaginaire kichwa, le Cotopaxi (littéralement "cuello de luna") serait l'un des prétendants, avec le Chimborazo, de la belle "Tungurahua" (de "tunguru", la "gorge" et de "rahua", "brûler"). Mais c'est le Chimborazo qui l'emporte et qui devient "Taita" (père en kichwa) tandis que le Tungurahua devient "mama" (mère)...

Une mouette andine ("gaviota andina") ?

Au retour, petite marche le long d'un canyon creusé par la lave quand le volcan en émettait encore, c'est-à-dire il y a très très longtemps :


Banos de Santa Agua :

Après Latacunga , nous modifions légèrement notre trajectoire plein Sud pour nous diriger vers l'Est, dans la ville thermale de Banos de Santa Agua, dernière ville de la "sierra" avant d'entrer dans la "selva" (la forêt amazonienne). De fait, on descend jusqu'à 1800m (première fois que l'on passe sous la barre des 2000m en Équateur) !



Attention ! Ne pas confondre : cette pancarte n'indique pas le nom de la ville (indice : ce n'est pas au pluriel) mais bien les toilettes d'un resto ! Mais personne n'est tombé dans le "panneau", évidemment !

Au départ, on devait aller à Banos pour y tenter le "workaway" dans une ferme située dans les hauteurs à 30min de la ville, dans le village de Runtun, et ce pendant une semaine (en théorie) ...


Les plants de "tomate de arbol" sous la bruine

Malheureusement, il s'est avéré que la météo n'était pas en notre faveur, comme on peut le constater ci-dessus... Nuages et pluie nous ont donc considérablement "refroidis" (dans les deux sens du terme) et nous ont forcés à plier bagage après une seule journée de travail...

Et voilà le travail ! Heureusement c'était sous serre ! Et pendant que la pluie tambourinait sur les bâches, on désherbait entre les pieds de "babaco"...
Seul hic : la serre s'étalait sur une pente à plus de 40°, un vrai désherbage en montagne !

Une éclaircie dans l'après-midi nous a ensuite permis de nous balader dans les hauteurs qui surplombent Banos ...


... et d'y découvrir un colibri blessé et donc incapable de retourner butiner.

Au regard de sa forme et de ses couleurs, il s'agit sans doute d'un "Colibri de Mindo".

Le village de Runtun étant situé sur les flancs du volcan Tungurahua, à plus de 2260m d'altitude, on bénéficie d'une vue imprenable sur la ville thermale en contrebas :



On profite qu'il ne pleuve pas encore pour s'arrêter dans l'ultra-chic "cafe del cielo" et y savourer un chocolat chaud.

Le bien-nommé "chocolate del cielo" !

Le "vol du condor", typique des attractions touristiques (nature, fun et frisson)
 de Banos : le but du jeu consiste à se blancer au-dessus du vide pour admirer
le paysage et ... prendre des photos !


Eh oui, Runtun étant situé sur les pentes du Tungurahua (5023m d'altitude), les précautions d'usage en cas d'éruption sont de rigueur ! En effet, le volcan est l'un des plus actifs d'Équateur, notamment depuis 1999, et régulièrement les autorités doivent organiser des évacuations de populations...


Après le court séjour à Runtun, nous descendons nous délasser dans les "bains" de la ville (qui lui ont d'ailleurs donné son nom) :

Ici, la "cascade de la Vierge", aussi appelée "chevelure de la Vierge" au pied
de laquelle se trouvent les thermes de la Vierge. Ses eaux seraient sacrées
car la Vierge elle-même est censée y avoir trempé ses pieds ...

"Las piscinas de la Virgen", les plus anciennes de la ville, sont aussi les plus prisées par les habitants.



Un petit aperçu de la foule qu'attirent les piscines de la Vierge, aux eaux "miraculeuses" chauffées par le volcan Tungurahua en personne, rien que ça ! 


Et ceci, chers amis, c'est du "cuy" cuit ! Le met favori des Incas et maintenant de leurs descendants !

La "route des cascades" et le "Paillon del Diablo" :

La "route" en question n'a pas été bien longue pour nous, car on voulait les voir en indépendants, sans prendre de tour avec agence, mais aussi car la pluie, toujours ponctuelle l'après-midi, nous a forcés à l'écourter... Du coup, en fait de cascades, on n'en a vu qu'une, le fameux "Paillon del Diablo", car après l'avoir admirée, on s'est dit que ce serait difficile d'en trouver une plus impressionnante!

Un aperçu de la végétation luxuriante qui s'étale dans la vallée descendant de la sierra à la selva...
Et voilà le "Paillon del Diablo", qui porte bien son nom car il fait littéralement un "boucan de tous les diables" ! ...



... et qui, malicieux comme un diablotin, nous trempe jusqu'à l'os, coincés que nous sommes dans des galeries rocheuses à la Indiana Jones !


L'heureux mariage entre les rayons de soleil et les gerbes d'eau nous offre
même un magnifique arc-en-ciel !


Le spectacle est grandiose et tonitruant ! Ça y est, nous sommes repus de cascades, maintenant retour à Banos pour d'autres bains thermaux !



Une injonction simple et pleine de bon sens que l'on retrouve partout en Équateur : autocollants officiels sur les bus ou graffitis officieux sur les murs ...


Après une petite balade de 30min depuis la ville, nous arrivons aux thermes d'El Salado, où l'on goûtera une nouvelle fois à l'art de vivre des sources thermales...