Après la religieuse Varanasi, nous voici en route pour l'antique Khajuraho, équivalent indien des temples d'Angkor au Cambodge, ou de Polonnaruwa au Sri Lanka. Site évidemment classé au Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco, lui aussi, comme Angkor ou Polonnaruwa, a connu son heure de gloire au Moyen-Age puis s'est vu recouvert par la jungle durant les siècles suivant jusqu'à ce qu'au XIXe, un explorateur européen (toujours le même schéma), ici un officier britannique, découvre ses ruines et les dévoile au grand jour, pour le plus grand plaisir des touristes occidentaux , toujours friands de ruines inexplorées, et qui plus est, quand elles contiennent tant de bas-reliefs érotiques...
Bien que le site s'étale sur tout le village de Khajuraho et comprenne un grand nombre de temples, le temps nous étant compté, nous n'avons pu y passer qu'une journée : arrivés de Varanasi par le train de nuit à 5h30, nous l'avons visité le matin pour éviter la chaleur cuisante de l'après-midi, puis nous nous sommes reposés avant de repartir dare-dare dès le lendemain matin pour Agra.
Et comme souvent depuis le début du voyage, nous avons été accueillis par nos amis les bêtes : ci-dessus sans doute un "rollier indien" à l'entrée de la gare, et ci-dessous une horde de "cochons punks" à côté de notre hôtel...
Après leur redécouverte en 1838, il a fallu une quinzaine d'années de travaux pour dégager ces temples perdus dignes d'Indiana Jones de l'inextricable jungle qui les avait dévorés...
On en oublierait presque qu'à son apogée, Khajuraho était l'une des capitales les plus fameuses des souverains Chandela, sous la dynastie desquels furent édifiés la plupart des 85 temples du complexe, entre 950 et 1050 après J.C. . Et leur renommée perdura encore longtemps car le célèbre voyageur arabe Ibn Battuta (qui a par ailleurs aussi fait le pèlerinage de l'Adam's Peak au Sri Lanka) vante encore leur splendeur en 1335.
Selon la légende, la fondation de Khajuraho est liée à une tendre histoire d'amour entre Chardravarman, fils du dieu de la lune et une jolie vierge se baignant (nue évidemment) dans une rivière translucide... Ce qui expliquerait sans doute l'érotisme de "haute voltige" des bas-reliefs et l'omniprésence de corps féminins pour le moins sensuels et divins !
Le grouin ... |
... Et le postérieur richement sculpté du dieu Vishnu incarné en sanglier ! |
Premier aperçu des ébats amoureux d'un couple en plein Moyen-Age indien... |
Comme on peut le constater, la jungle originelle s'est considerablement assagie... |
Ne vous inquiétez pas pour ceux qui ne parviennent pas à voir les détails sur cette photo qui vous donne une vue d'ensemble : on a zoomé pour vous sur les photos suivantes... |
Ganesha, encore lui ! Car nous sommes en Inde et évidemment les temples de Khajuraho sont dédiés aux divinités hindoues... |
Même l'intérieur des temples est finement sculpté. |
Si l'on trouve tant de scènes érotiques dans les bas-reliefs des temples, alors même que ce sont des édifices religieux (alliance qui nous semble particulièrement exotique selon notre point de vue judéo-chrétien), c'est parce que les sculpteurs voulaient représenter la vie quotidienne jusqu'à dans sa plus stricte intimité... Et sans doute aussi parce que les temples sont liés à la mystique tantrique.
Pour ceux que ça intéresse, en regardant dans le dictionnaire, on apprend que le tantrisme est un culte relevant de l'hindouisme et fondé sur une cosmologie où l'énergie active (féminine ou masculine) privilégie certains rites (comme, entre autres les pratiques sexuelles) ayant pour but l'accomplissement de soi, et pour les plus ambitieux, l'union avec le divin.
Bon, hormis l'érotisme et la zoophilie, on trouve aussi tout simplement quelques animaux exotiques comme ces éléphants ci-dessus (encore un écho d'Angkor) ou comme ces dromadaires...
Le Kandariya-Mahadev, le plus grand des temples de Khajuraho, nous a conquis, tant par le nombre et la variété de ses sculptures que par son élégante structure qui culmine avec un "shikhara" de 31m ... À l'instar de toute tour (clocher ou minaret y compris), ce shikara peut évidemment être interprété comme un symbole phallique : lingam et shikara sont en effet vénérés par les Hindous comme des symboles de Shiva. |
Ah oui, la voilà ! La fameuse position du poirier ! Admirez la finesse du travail du sculpteur qui a su rendre compte de l'enchevêtrement des bras et jambes... |
Au premier plan, le Mahadeva, dédié à Shiva, et au second plan, le Devi Jagadamba, successivement dédié à Vishnu, Parvati et enfin Kali (déesse adorée par les Thugs d'Indiana Jones). |
Une constante des temples antiques d'Asie :
comme à Angkor, on retrouve ici de féroces lions gardant l'entrée du temple
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L'impressionnant shikhara, comme un souvenir de l'Himalaya... |
Partie centrale du Chitragupta |
Un temple du soleil non pas inca mais indien : le Chitragupta est en effet dédié au dieu du soleil, Surya, et c'est suffisamment rare parmi les temples d'Inde du Nord pour être noté ! |
Un dernier bas-relief érotique pour la route ! Sur lequel, encore une fois, une femme de bonnes moeurs se cache le visage pour ne pas assister à la scène qu'elle a sous les yeux... |
Le "Nandi" : le taureau considéré comme la "monture" de Shiva |
Et on termine notre visite en nous hissant sur la terrasse arboricole d'un restaurant, qui, à défaut d'un bon repas, nous offre une vue surplombante sur les temples du groupe ouest... |
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