mardi 26 juillet 2016

Pérou : Arequipa et le canyon del Colca - du 17 au 23 juin

Après la côte, sur la route des montagnes, nous faisons escale à Arequipa, la bien-nommée... Car selon une jolie légende à propos de sa fondation, le quatrième Inca ("roi"), Mayta Capac, en traversant la vallée, se serait émerveillé devant l'endroit et aurait ordonné à sa suite de s'arrêter en disant : "Ari, quipay". Ce qui signifie : "Oui, restons".

Ça tombe bien parce que c'est exactement ce qu'on comptait faire ! Du moins quelques jours, le temps de savourer la douceur de vivre de cette ville coloniale au centre historique classé au Patrimoine mondial de l'Unesco en 2000 ...

La sempiternelle ... "Plaza de Armas" ! Célèbre pour son architecture en "sillar" (une roche volcanique)

"Douceur de vivre" par ailleurs toute relative, car l'une des particularités d'Arequipa est d'être située sur l'une zones les plus sujettes aux catastrophes naturelles du Pérou... La preuve en est des canyons et des volcans qui l'environnent, autant de cicatrices et pustules de la croûte terrestre. On a parlé de Latacunga et de Huaraz, mais Arequipa n'est pas mal non plus dans son genre : en 1600, la ville fut entièrement détruite par des séismes et des éruptions volcaniques, et depuis, régulièrement, elle a été secouée par des tremblements de terre, dont le dernier, tout récent, a sévi en 2001.

Un petit air du vieux continent avec ces arcades qui font penser aux places espagnoles

La Cathédrale d'Arequipa, rien de moins que la plus grande du pays et sans doute l'une des plus éprouvées : construite en 1656, incendiée en 1844, reconstruite, dévastée par un tremblement de terre en 1868, rebâtie, et enfin, lors du séisme de 2001, ététée d'une tour puis à nouveau rénovée. 

La façade de l'Iglesia de la Compania, richement sculptée, chef d'oeuvre du
baroque espagnol des années 1660
Nous visitons la petite église de La Compania, pour vérifier si l'intérieur vaut la façade ...




... effectivement, c'est le cas ! À condition d'aimer le style baroque, les dorures et les coupoles chargées ...


Mais le clou de la visite, c'est sûrement la Chapelle San Ignacio, dont les peintures murales rendent hommage aux missionnaires jésuites partis à la rencontre des peuples d'Amazonie (interdiction de prendre des photos donc la suivante est tirée de google images) :

La beauté des oiseaux et des fleurs témoignent de l'admiration des Jésuites pour la "selva"


Les cloîtres de l'Église jésuite (los Claustros de la Compania),
aux colonnes en sillar. Le silence religieux qui devait emplir les lieux
s'est effacé devant le tumulte de la vie commerçante :
une galerie marchande y a en effet trouvé domicile ...  


Douceur de vivre ariquepenienne : un helado del "ice palace" ! 

La Cathédrale de nuit

Petit tour au Mercado central d'Arequipa :


Les stands de chapeaux (les panamas ont toujours la cote !)

Les stands de guérisseurs : herbes et potions en tous genres

et les traditionnels "jugo natural"

Mais si Arequipa attire l'oeil du voyageur, c'est aussi et surtout parce qu'elle se trouve sous la tutelle de deux impressionnants volcans : le Misti, trônant à 5825m et le Chachani, détrônant ce dernier avec ses 6057m ...

La belle silhouette du Misti ("el senor") depuis le quartier de Pachacutec : malheureusement pour nous,
il n'avait pas revêtu son blanc manteau cette fois-ci ...

Et le blanc Chachani à l'aube, depuis la fenêtre de notre chambre d'hôtel ...

On nous l'avait chaudement recommandé et on ne voulait pas le manquer : Le canyon del Colca !

C'est le deuxième canyon le plus profond du monde (le premier plus profond étant voisin mais plus difficile d'accès).

Mais comme on n'aime pas trop les randos en groupe avec un guide et qu'en plus c'est payant, on décide de partir seuls dans le canyon pour 3 jours et 2 nuits ! Facile, il y a des hébergements sur la route où l'on peut manger le soir et dormir. De plus, les chemins sont bien tracés donc on ne peut pas se perdre !

Le premier jour

Départ à 3h du matin d'Arequipa car le canyon se situe quand même à 6h de route de la ville...

Petit arrêt au mirador "Cruz del condor" pour admirer ces grands rapaces voler suivant les courants le long du canyon.



Vers 10h,  c'est parti pour la marche ! On a choisi de prendre l'itinéraire le moins fréquenté (tiens donc !) et notre objectif pour aujourd'hui est le village de Llahuar.





Les paysages sont très beaux et à perte de vue !





Il y a plein de cactus géants le long du chemin !



Au fond du canyon, on aperçoit l'oasis où nous dormirons le second soir et le chemin que nous devrons remonter le dernier jour....




Après 4h de descente (ça casse les pattes...), on arrive enfin à la rivière !




On décide de faire la pause pique-nique au bord de la rivière. Au menu, pain, avocat et clémentines.

On découvre même des petits geysers !

Les arbres cactus ! Cette variété s'appelle le "nopal", dessus on trouve un insecte parasite (la cochinilla), qui, quand on l'écrase, peut teinter de rouge carmin la peau (peinture indienne), les vêtements, ou autres...


Culture de nopal

Au fond, on peut apercevoir le village de Llahuar au bout du chemin après le pont.


Et ca y est ! On est arrivé après 6h de marche ! On prend possession de notre cabane et on enfile nos maillots de bain !


En effet, il y a des thermes (39°!) au bord de la rivière ! On s'y prélasse une bonne heure, ça fait du bien aux jambes !


Deuxième jour : 

On décolle vers 7h de Llahuar, on marche 30 min pour rejoindre la piste principale.



Pour ne pas trop se tuer à la marche, on décide de prendre un bus (l'unique du canyon !) qui nous avance sur la route et nous évite au moins 3h de marche.


Vous le voyez le bus?

Après 20 min, il nous dépose au village de Malata d'où nous reprenons la marche.


On passe par un amphithéâtre naturel magnifique !


Et on peut apercevoir de nouveau l'oasis Sangalle, notre point de chute pour ce jour mais aussi le chemin pour remonter qui effraie un peu Marie avec ses 1100m de dénivelé !


Plus on descend, plus la végétation devient verdoyante !


On arrive vers midi à l'oasis, l'hôtel est rempli d'orchidées sauvages !


De nouveau, on pose nos sacs dans le bungalow et on enfile nos maillots !


Cette fois, c'est un piscine d'eau fraîche qui nous attend !



On passe la journée à se baigner, à faire la sieste, à lire, à écrire le carnet... Bref, après-midi farniente !

Troisième jour : 

Dur dur de se réveiller à 3h pour partir remonter le canyon à 3h30 à la lampe frontale...



Finalement la montée s'avère moins dure que prévue et on assiste au lever du soleil.




Marie est quand même contente d'être arrivée et de l'avoir fait !


Il ne reste plus qu'à retourner à Cabanaconde, on prend un p'tit déjeuner et on attend le bus.


Sur la route du retour, on s'arrête une première fois pour admirer la vallée où s'étendent les cultures en terrasse.





Puis, on s'arrête une seconde fois à Yungay pour faire trempette (encore ! mais on ne s'en lasse pas !) dans des sources d'eau chaudes





Après la pause thermale et l'almuerzo, on s'arrête à environ 4900m d'altitude pour une vue panoramique sur la "Cordillera de los Volcanes" !

Le Chachani, mais vu de l'autre côté !

À 6310m culmine l'Ambato (qui signifie "crapaud" en quechua) sur lequel a été retrouvé le corps congelé de la jeune Juanita, et le Sabancaya ("fainéant" en quechua), son fulminant voisin,  à 5976m, bien actif encore aujourd'hui : on le repère à la fumerolle qui s'échappe de son cratère ...

Ouah, la belle ligne droite ! Pas de doute, on est bien en Amérique, la terre des grands espaces !

Devant un beau troupeau de lamas et d'alpagas, dans la "Reserva Nacional Salinas y Aguada blanca"

On est bien au Pérou, pas en Australie : ici, pas de "road-signs kangaroo", mais des panneaux
"Cuidado, camelidos" !


Après 3 jours dans le canyon et en montagne, retour à la civilisation : come-back to Arequipa ! Ce petit jour supplémentaire nous permet de visiter un musée qui nous faisait de l'oeil depuis notre arrivée dans la ville ...

... Le "Museo Santuario Andinos" !

Sans doute le meilleur musée qu'on ait fait ! Il nous a littéralement passionnés car il est palpitant et efficace : consacré à la momie Juanita, tout, dans le musée, tourne autour d'elle et de son mystère ...



Le 8 septembre 1995, le guide ariquépénien Miguel Zarate et l'archéologue américain Johan Reinhard, lors d'une expédition financée par le National Geographic, mettent à profit l'éruption du volcan Sabancaya, qui fait fondre les glaciers aux alentours, pour extraire de la calotte glaciaire du Nevado Ampato, à quelques 6310m d'altitude, le corps congelé d'une fillette sacrifiée, postérieurement baptisée Juanita et connue sous le surnom de "Princesse des glaces"...


Ils découvrent alors une fillette de 12 à 14 ans, dont le corps a été admirablement bien conservé par la glace et le froid qui règnent à cette altitude. Son cadavre était recouvert de fines étoffes incaïques, provenant des quatre coins de l'empire inca (notamment un coquillage qui devait venir de la côte nord du Pérou). Tissus et liquides organiques étant pratiquement intacts, les bactéries et les virus contenues dans la dépouille ont permis de livrer nombre d'indications sur l'état sanitaire et l'alimentation des populations indiennes de l'époque.

Aux côtés du cadavre, on a aussi retrouvé un petit sac rempli de feuilles de coca et plusieurs offrandes : vases à chicha, lamas en argent, figurines, dont une poupée de 10cm à l'effigie de la fillette... Tous ces objets étant évidemment visibles au musée.


 Juanita a donc été victime (consentante ou non, mais probablement droguée et "conscientisée") d'un sacrifice. Vraisemblablement, son sacrifice était destiné à apaiser l'Apu, le dieu de la montagne. C'était une pratique courante dans l'empire inca : on a retrouvé plusieurs corps congelés dans les nevados andins au Pérou et dans les pays voisins, comme en Argentine, sur le volcan Llullailaco... Les enfants sacrifiés étaient choisis pour leur beauté et leur ascendance noble et les familles bénéficiaient sans doute d'avantages en contrepartie de la perte de leurs enfants. Quoiqu'il en soit, dans l'imaginaire inca, la mort était considérée comme une seconde naissance : en témoigne la mise en position foetale des momies...




Ce que l'on retiendra également de ce musée, c'est que les Européens sont loin d'avoir été les premiers à avoir mis le pied sur les plus hauts sommets qui se présentaient à eux... Non, les véritables pionniers de l'alpinisme (il faudrait dire de l'andinisme), ce sont bel et bien les Incas, qui, eux, ne montaient pas par orgueil et pour la gloire, mais au contraire pour se soumettre aux Apus (dieux de la montagne) et pour les vénérer à leur (cruelle) façon. 

Et enfin, pour notre dernière soirée aréquipénienne, on se fait plaisir !


Oui, certes, c'est "pizza-bière", mais on mange et on boit local : cerveza negra
"Sierra andina", brassée à Huaraz, et pâte de pizza au quinoa !

Et en route pour ... Cuzco ! À bord d'un bus "exclu-civa"-"semi-cama"-160° : autant dire que c'est le grand luxe ! On y va "les yeux fermés"...


Buenas noches y hasta luego en Cuzco !


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